Édito:Guichet unique: Une affaire de corruption qui défraie la chronique
Un fonctionnaire qui réclame des dessous de table après le traitement d’un dossier sur instruction d’une personnalité haut placée, une pratique devenue banale au sein de notre administration et le plus souvent dans le secret le plus total.
Mais cette énième affaire qui a été révélée au grand jour avec des preuves irréfutables jette le discrédit sur une institution présentée comme exemplaire.
L’affaire qui vient d’être révélée au grand jour par un professeur d’université qui cite nommément le fonctionnaire impliquée (qui a réclamé sans vergogne au professeur un bakchich de 50 à 100.000 MRO) a le mérite de mettre en exergue une pratique peu glorieuse d’une administration présentée comme étant proche et au service du citoyen.
Mais personne n’est dupe et nous savons que dans les faits ce slogan qui est devenu un refrain scandé à tout va n’est que de la poudre aux yeux.
En effet les usagers vivent quotidiennement le calvaire dans les couloirs des ministères et des différentes administrations publiques.
Et pour bénéficier du moindre service il faut soit avoir un bras long soit mettre la main à la poche.
C’est malheureusement la triste image que le citoyen lambda retient d’une administration considérée à juste titre comme une épée de Damoclés.
Aussi bien au niveau des cabinets ministériels qu’au niveau des services décentralisés de l’Etat, les instances s’accumulent et pour une simple signature il faut faire des pieds et des mains pour l’obtenir.
Cette attitude implacable s’applique même aux morts et des citoyens qui ont servi loyalement au sein de cette administration ont leurs parents qui courent des mois durant voire même des années pour toucher les maigres pécules qui leur reviennent de droit.
On en est arrivé au point où tout s’obtient par coup de pouce ou par contre partie sonnante et trébuchante (affectations, promotions, services divers).
Et les intermédiaires ne manquent pas. Un véritable business a vu le jour sur le terreau d’une administration dirigée contre les intérêts du citoyen.
Et pour revenir à cette ténébreuse affaire du guichet unique notons qu’il s’agit là d’une très mauvaise publicité pour cette institution dont l’un des objectifs principaux est d’attirer les investisseurs et d’améliorer un environnement des affaires jusque là mis à rude épreuve par des lourdeurs bureaucratiques d’un autre âge.
Et avec les graves révélations de cet universitaire l’institution prend là un sacré coup.
L’Agence de Promotion des Investissements en Mauritanie (APIM) qui assure la tutelle du Guichet Unique s’est empréssée de publier un communiqué pour faire amende honorable mais le mal est beaucoup plus profond et il convient de prendre le taureau par les cornes.
Une mission de l’Inspection Générale d’État (IGE) aurait été également dépêchée ce matin sur les lieux pour enquêter sur le sujet.
Quoiqu’il en soit, cette affaire devrait constituer un déclic et pousser les autorités à abandonner la politique de l’autruche en adoptant pour de bon le principe sacro-saint qui stipule que l’Homme doit être au début, à la fin et l’objectif ultime de toute politique de développement.
Et pour ce faire, nos ministres et autres haut responsables doivent se départir de leur attitude de simples bonzes.
En fait, ils sont inaccessibles et vivent dans un cocon. Ils sont complètement coupés de la réalité.
On déplore chez la plupart d’entre eux un manque cruel d’esprit d’initiative.
Un ministre comme tout responsable d’ailleurs doit être accessible et au service du contribuable qui prend en charge tous ses frasques.
Son rôle ne doit pas s’arrêter à s’enfermer dans un bureau spacieux, climatisé et bien meublé, voyager le plus souvent a l’extérieur, parfois pour des frétilles et s’afficher comme une star en conseil des ministres.
La tutelle devrait bien jouer son rôle y compris dénicher les brebis galeuses qui essaiment partout mettant en danger l’autorité de l’État. En effet comme le souligne l’adage, le poisson pourrit par la tète. Il convient donc d’être très regardant sur le choix de ceux qui ont la lourde responsabilité de gérer les affaires de la cité.
Bakary Gueye