La guerre en Ukraine domine la réunion du G20 à Bali
Le sommet du G20 s’est ouvert, mardi, à Bali, en Indonésie. Bien que l’invasion de l’Ukraine ne figure pas à l’agenda officiel, elle domine la réunion, les Occidentaux cherchant à montrer un front uni face à la Russie dont le président, Vladimir Poutine, brille par son absence.
Il a une nouvelle fois plaidé sa cause. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté, mardi 15 novembre, les dirigeants du G20 réunis en Indonésie à surmonter leurs divisions pour mettre fin à la guerre « destructrice » menée par la Russie, contre laquelle les Occidentaux tentent de renforcer la pression.
Le plus important rassemblement de dirigeants mondiaux depuis le début de la pandémie s’est ouvert sans Vladimir Poutine dans le cadre tropical de l’île indonésienne de Bali.
C’est le premier sommet à se tenir près de neuf mois après le début d’une guerre meurtrière aux lourdes conséquences économiques pour la planète, et la menace nucléaire qui plane.
De retour de Kherson, ville du sud de l’Ukraine tout juste reprise par son armée, Volodymyr Zelensky a été l’un des premiers à s’exprimer par visioconférence devant ce qu’il appelé le « G19 », excluant la Russie. Dans la salle était pourtant présent le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, par lequel Vladimir Poutine s’est fait représenter.
« Je suis convaincu qu’il est temps à présent que la guerre destructrice de la Russie s’arrête », a déclaré le président ukrainien, dans son désormais familier t-shirt kaki. Elle « doit et peut être arrêtée », selon la traduction en anglais consultée par l’AFP.
Il a détaillé son plan pour ramener la paix et « sauver des milliers de vies » : ne pas faire confiance à la Russie, ne tolérer « aucune excuse au chantage nucléaire » face aux « folles menaces » de Moscou et réaliser un échange total de prisonniers.
Face à des dirigeants de pays du Sud touchés de plein fouet par les conséquences économiques du conflit, il a proposé de prolonger « indéfiniment » l’accord permettant des céréales ukrainiennes, exportateur agricole majeur. L’accord négocié en juillet sous l’égide de la Turquie, qui a permis de livrer quelque 10 millions de tonnes de céréales, arrive à échéance vendredi et Moscou laisse planer le doute sur ses intentions, faisant craindre des famines à l’ONU.
Vers un communiqué commun ?
L’invasion de l’Ukraine ne figure pas à l’agenda officiel du G20 mais domine la réunion, tant elle inquiète et aussi creuse les divisions entre les Occidentaux soutenant Kiev et d’autres pays, Chine en tête, qui refusent de condamner Moscou.
Hôte de l’événement, le président indonésien, Joko Widodo, appelé dans son discours d’ouverture à « mettre fin à la guerre » : « Nous ne devons pas diviser le monde en plusieurs camps. Nous ne devons pas laisser le monde basculer dans une nouvelle guerre froide. »
Signe des fractures au sein du G20, club des grandes économies mondiales créé à l’origine pour s’accorder sur les questions financières, l’hôte du sommet, l’Indonésie, avait averti qu’il ne fallait pas s’attendre au traditionnel communiqué commun dont chaque virgule fait l’objet d’intenses tractations pour ne fâcher personne.
Mais un accord a été obtenu lundi soir sur un texte commun au niveau des négociateurs, a indiqué le président du Conseil européen Charles Michel. Selon le projet de document consulté par l’AFP, les grandes économies du G20, dont Moscou, constatent les répercussions négatives de la « guerre en Ukraine » menée par la Russie. « La plupart des membres » « condamnent fermement » le conflit, ajoute le texte.
Ce document, s’il est adopté par les dirigeants, reprendrait le terme de « guerre » rejeté pour l’instant par Moscou qui évoque une « opération militaire spéciale ». Il juge « inadmissible » le recours ou la menace de recours à l’arme nucléaire et appelle à prolonger l’accord sur les exportations de céréales.
« Je pense que vous allez voir que la plupart des membres du G20 vont dire clairement qu’ils condamnent la guerre de la Russie en Ukraine, et qu’ils voient la Russie comme la cause principale des souffrances économiques et humanitaires immenses dans le monde », a indiqué un haut responsable américain sous couvert d’anonymat.
Macron en appelle à la Chine
Tous les regards sont tournés vers la Chine, grande puissance dont le président Xi Jinping s’est encore rapproché de Vladimir Poutine à la veille de la guerre, formant un front commun contre ce qu’ils décrivent comme les volontés hégémoniques occidentales. Pékin a refusé de condamner l’invasion de l’Ukraine lancée le 24 février et rejette les sanctions adoptées par les Occidentaux.
Lors d’une rencontre, mardi matin, avec le dirigeant chinois, Emmanuel Macron, a demandé à Xi Jinping d’interférer auprès du maître du Kremlin pour le convaincre de revenir à la « table des négociations », selon l’Élysée.
Le président français a appelé son homologue chinois à « unir » leurs « forces » contre la guerre en Ukraine, soulignant que la « stabilité » du monde était aussi dans « l’intérêt » de la Chine.
Il convient « d’unir nos forces pour répondre tout à la fois aux grands enjeux internationaux, vous avez évoqué celui du climat pour n’en citer qu’un et sans doute le plus prégnant, mais aussi aux crises internationales comme la guerre lancée par la Russie en Ukraine pour lesquelles le G20 constitue un format approprié », a-t-il lancé au début d’un entretien bilatéral en marge du sommet du G20 à Bali.
La Chine n’a pas condamné l’offensive russe en Ukraine lancée le 24 février et reste très réticente, tout comme nombre de pays du Sud, dont l’Indonésie, à critiquer Moscou, y compris au sommet du G20.
Le G20 devrait publier un communiqué dans lequel « la plupart » des membres du groupe condamnent fermement l’offensive russe en Ukraine, a toutefois indiqué mardi un haut responsable américain.
Face à la menace russe, nombre d’entre eux veulent renforcer leurs capacités militaires et le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, est arrivé à Bali avec l’annonce d’une commande de cinq frégates de guerre, au nom de la « menace » russe.
Lundi, le président américain, Joe Biden, lors de son premier face-à-face avec Xi Jinping depuis son élection, avait obtenu l’accord de son homologue chinois sur le rejet de tout recours à l’arme nucléaire en Ukraine.
Avec AFP