Si Meknès a donné trois présidents à la Mauritanie….le quatrième serait-il en gestation?
Du général Znagui Ould Sidahmed Ely, actuellement cadre au G5 Sahel, au colonel Baby Housseinou ancien intendant de l’Armée, ou Niang Harouna l’homme au destin brisé, en passant par le prodige, feu le lieutenant Bellahy Ould Maouloud, mort précocement à la fleur de l’âge, jusqu’au prototype du singularisme bancal d’un Abdou Ould Limam, en plus de l’innocente simplicité, telle que capable de déstabiliser l’ennemi d’en face, émanant de Nagi Ould Bilal, et enfin le pote Kbeirou du génie, l’académie militaire royale marocaine aura donné en définitive à la Mauritanie d’excellents officiers de rang distingué.
Il est inutile de faire l’inventaire des bons ou des mauvais car cette perspective aboutira ipso facto à un manichéisme tranchant (rvoud ehel lekhlé).. A noter que cette école militaire nous a léguées également des réalités incongrues dont la plus pernicieuse étant les scénettes et encore de série B que joue l’ancien président Ould Abdel Aziz, lui qui aspire coûte que coûte tenir le haut du pavé ad vitam aeternam.
Meknès nous a certes produits trois présidents, encore faut-il qu’ils soient tous à la hauteur de leur auguste mission. A certains officiers sortant de cette prestigieuse académie, calquée sur Saint-Cyr (selon mon binôme français collègue de promotion 1987-88 ), on ne peut rien reprocher en matière de compétence militaire.
Mais à une ou deux exceptions près, tous vouent un amour presque divin pour l’argent. Mais plus radin qu’eux, tu meurs. Une carrière militaire est incompatible avec la quête obsédante de l’argent, quand même qu’elle doit être couronnée que de louanges de qualité et surtout de dignité.
L’argent ne fait pas le bonheur, même si souvent il y contribue, comme on dit. Regardons le cas de l’ancien président milliardaire. Beaucoup de ses concitoyens disent: « ah si j’avais seulement le centième de sa fortune.., j’aurais eu une bonne retraite,tranquille dans mon coin » Mais tout est dans l’équilibre psychologique et mental de l’homme.
En effet le dernier message vocal de Aziz illustre bien le degré de connivence d’avec l’argent. Il n’a parlé que de l’augmentation du budget de la radio, de l’imprimerie nationale etc…, jamais du cas concret de nombreuses familles pauvres incapables de joindre les deux bouts, partout en Mauritanie.
Rester plus de 10 ans au pouvoir et ne pas être capable de fournir de l’eau potable à moins de 4 millions d’administrés, relèverait de l’incompétence notoire. En 2029 Inchallah, si on est en vie nous jugerons Ghazwani sur le cas spécifique de l’eau; rien que ça d’abord.
Comment un président musulman, sachant qu’il va mourir un jour, peut amasser tant de milliards détournés, au seul but d’assouvir son égo, alors qu’il pouvait rendre son peuple plus épanoui, plus heureux? Quel gâchis, que d’être choisi par Allah pour faire du bien à ses contemporains et d’être, au bout du compte passé à côté de la plaque !!!
Mais voyons d’abord le long cheminement de notre ancien président qui le mènera plus tard à devenir riche, très riche avec l’argent du pauvre peuple mauritanien que toutes nos élites prétendent défendre pourtant… Un flash-back serait nécessaire.
Après un climat de méfiance( transition 2005-2007) jusqu’à la mort entre feu Ely Ould Mohamed Vall et Mohamed Ould Abdel Aziz, voilà que le même scénario, sous forme de mésentente profonde se dessine entre ce dernier et l’actuel président de la république Mohamed Ould Ghazwani.
Et puisque le « dauphinat » semble désormais être un chemin d’accès au pouvoir, la porte sera-t-elle ouverte un jour à l’homme de confiance du président Ghazwani, je veux nommer le général Hanené OuId Sidi, l’actuel ministre de la défense? Vous avez dû remarquer que ces 4 officiers sont tous sortant de l’Académie militaire royale de Meknès, au Maroc.
Est-ce un hasard ou une nécessité que de donner à la Mauritanie trois chefs d’Etat, à savoir feu Ely Ould Mohamed Vall, le terrible Mohamed Ould Abdel Aziz, et enfin le sage, l’imputrescible Mohamed Ould Cheikh Ghazwani ? Sage, parce que j’ai connu cet officier brièvement au milieu des années « 80 » à Fdérik, au sous-groupement 41, et depuis il n’a jamais changé à mon égard, même étant président de la République. Et pourtant ma relation d’avec Ould Abdel Aziz remonte bien avant, en 1980 à Kaédi, bref un ami, avec qui je partageais tout, jusqu’à mon aigre salaire de 11500 mro, à l’époque.
Tout est une question d’éducation, et de valeur morale, quant à la conservation des relations jadis tissées sans alibi intéressé, survenues au hasard du temps et de l’espace. Mais pour conserver ces relations venues ex nihilo, ou plutôt à la faveur d’un déterminisme spatio-temporel, faut-il une volonté commune.
Pour revenir à nos trois présidents sortant de l’Académie Royale Militaire de Meknès, il est indéniable que sans la témérité et l’ambition démesurée de Mohamed Oud Abdel Aziz, rien de cela ne pouvait se concrétiser. En effet, après sept ans de traversée du désert (1993-2000) Aziz a été choisi pour la 2éme fois afin de commander le Basep. J’ai appris la nouvelle une après-midi de l’année 2000, je crois, au stade olympique lorsque le colonel Sidahmed Ould Taya m’appela : »Ely, Ely..ton ami reprend le Basep ».
L’Armée Nationale est à plat, seul le bataillon présidentiel tire son épingle du jeu, avec des unités combattantes presqu’à point, capables de manoeuvrer sur le terrain, à l’instant où les terroristes islamistes commencent à prendre le dessus, surtout à Lemghaity, à environ 700 km au nord de Zouerat, à la frontière malienne. Malgré les renseignements américains, l’Etat-Major est incapable de redresser la situation. Maawiya est fâché, lui qui promettait à l’Oncle Sam de venir à bout de « ces quelques supplétifs égarés ».
Au même moment une lutte intestine, sans merci se joue entre deux entités d’officiers, surtout depuis la fragilisation de Ould Taya suite à la tentative de le renverser, par les cavaliers du changement, le 8 juin 2003. Il y avait ce que moi j’appelle les « colombes » (Aziz, Ghazwani, Cheikh Bayé, et un de leurs sympathisants, le colonel à la retraite Mohamed Ould Nagi, ami et parent de Aziz).
Ensuite les « faucons » à savoir Cheikh Ould Chrouf, Ould Vaida, le cemga Arbi Ould Jedeine, Ould Lekwar, bref tout un chapelet d’officiers souvent cousins de Maawiya et qui détestent Aziz, en le voyant, de manière prémonitoire, capable de renverser un jour Maawiya.
Les faucons voulaient convaincre justement Maawiya d’envoyer Aziz et une partie de son Basep à Lemghaity, l’Armée étant en déconfiture, seul le Basep est en mesure de contenir les incursions de plus en plus osées des djihadistes, disaient-ils. Voilà une astuce qui avait pour but d’éloigner Aziz et qui permet aux faucons d’avoir une emprise sur Ould Taya désormais fragilisé, afin d’agir pour toute fin utile.
L’information a été donnée par Ould Chrouf,un proche du cemga Arbi Ould Jedeine, à Mohamed Ould Nagi, à qui on avait promis une bonne planque,voire prendrela placede Aziz. Le colonel mohamed Ould Nagi a jugé utile d’avertir son ami et parent, Ould Abdel Aziz, dans le cas où cette proposition n’était destinée qu’à tester sa fidélité à l’égard du régime de Ould Taya, comparé désormais au « bateau ivre » en perdition.
Ould Abdel Aziz qui connaît bien ses adversaires, a pris cette information très au sérieux. Il fallait donc agir vite avant que les faucons ne fassent la proposition à Ould Taya de l’envoyer à Lemghaity.
Voilà comment l’esprit du 3 Août 2005 est né. Aziz et Ghazwani(chef du B2) ont eu raison du pouvoir de Ould Taya sans effusion de sang et sans que les faucons ne ripostent par un seul coup de pétard, même mouillé, le président Maawiya étant en déplacement. Aziz a choisi Ghazwani, depuis des années, le prenant d’abord pour « docile », « incapable de cliver ». Je connais la mentalité de Aziz, ce dernier a confondu la fidélité d’un homme mûr, aux principes intangibles d’avec une faiblesse congénitale.
L’avantage de Ghazwani est qu’il ne s’est jamais mêlé des arcanes du pouvoir de Ould Abdel Aziz, jusqu’à l’élection présidentielle de 2019, où il est désormais le seul responsable devant les mauritaniens et devant l’Histoire.
C’est cette même témérité sans le matériau, ni la préparation intellectuelle, donc désormais anachronique que Aziz est entrain d’étaler afin de revenir au pouvoir. Mais sans succès, puisqu’il n’a plus les codes qui lui permettent d’accéder à la magistrature suprême.
Ensuite, Aziz devrait savoir que le pouvoir ne se partage pas, depuis le 3 Août 2005 lorsqu’il l’a pris et concédé à son cousin germain feu Ely Ould Mohamed Vall. Il devrait savoir que le pouvoir ne se partage pas lorsqu’il a choisi feu Sidi Ould Cheikh Abdallahi pour faire de lui le premier président civil « élu » au suffrage universel, pour enfin le déposer le 6 Août 2008.
Toutes ces expériences n’ont pas incité Ould Abdel Aziz à prendre du recul et à méditer les leçons de l’Histoire. Car il y a un temps pour tout. Aziz a été victime de sa propre conception des rapports humains. Il a toujours voulu choisir des gens de faible amplitude, prêts à lui obéir, à assouvir ses caprices sans broncher. Il y aura toujours certains parmi ce bataillon de godillots, des hommes intelligents, patients, qui laissent passer la vague, afin cueillir le fruit mûr de leur patience.
Des gens comme Ghazwani, pourtant qui ont toujours été fidèles en amitié, au plan professionnel, social etc…Il est temps que les sortants de Meknès mettent fin à cette théâtralisation de la scène politique, au risque de se banaliser aux yeux des opinions nationale et internationale.
A/ Aura-t-on fini avec les sortants de Meknès ?
On est persuadé que Mohamed Ould Ghazwani sollicitera en 2024 auprès des mauritaniens un 2éme mandat de 5 ans et c’est tout à fait légitime. En Afrique un président sortant perd rarement les élections, car celui qui détient le budget, le trésor, le ministère des Finances, la banque centrale, qui nomme les ministres, les directeurs, les ambassadeurs, est le seul centre d’intérêt de la majorité des électeurs, de surcroit mauritaniens.
Ces derniers ne sont pas dupes car ils savent que celui qui gouverne en Mauritanie, a plus de chance de l’emporter, pendant au moins deux mandatures. C’est la démocratie occidentale appliquée aux réalités arabo-musulmanes et négro-africaines, donc tropicalisée…
C’était comme ça du temps de Maawiya et de Ould Abdel Aziz, deux présidents qui ont malmené l’opposition, lorsqu’ils étaient au pouvoir. Quant à Ghazwani qui ne cesse de l’amadouer, c’est un boulevard qui lui est ouvert, en tout cas pour le 2éme mandat 2024-2029.
Et si on suit la logique de Meknès, l’on constate qu’il y a un 4éme président en gestation. En effet si feu Ely Ould Mohamed Vall a mis sur la rampe de lancement dès 1977 Mohamed Oud Abdel Aziz, et que Aziz a porté son dévolu ,certainement pour d’autres raisons, sur Ghazwani, ce dernier, en ce retournant ne voit pour l’instant que Hanené Ould Sidi, son actuel ministre de la défense, ami, confident et issu de la même promotion de Meknès, sortie en 1981.
Mais le seul bémol, c’est que l’arithmétique nécessaire à la prise du pouvoir a changé. En effet si Ould Abdel Aziz n’avait pas été le commandant du Basep, au moment où le reste de l’Armée était déliquescent, il n’aurait jamais été président.
Car pour briguer un quelconque mandat en Mauritanie ou ailleurs, il faut désormais au moins financer sa campagne électorale, autrement dépenser de l’argent, même puisé des caisses de l’Etat.
Or tous les sortants de l’Académie militaire de Meknès sont des radins, à une ou deux exceptions près. Nous l’avons dit tantôt. Ces exceptions altruistes se reconnaissent et il est inutile de citer des noms.
On peut laisser Aziz battre campagne, mais le jour des élections, qui va tenir la bourse? Je vois mal un Ould Abdel Aziz payer le loyer mensuel du siège de son parti, à plus forte raison entretenir les potentiels sympathisants.. Hanené Ould Sidi, sil veut jouer un rôle de premier en Mauritanie, doit éviter de se mettre sur les traces de Ould Abdel Aziz. Il a tout le temps qu’il faut pour séduire les électeurs jusqu’en 2029. A bon entendeur, salut !!!
Enfin plus sérieusement, nos dirigeants doivent se pencher sur un projet capital et qui déterminera aux fonctionnaires de l’Etat et du privé un salaire suffisant, dont les deux tiers iront à la retraite de chaque fonctionnaire.
C’est la seule décision salvatrice qui pourrait à la longue juguler les détournements du denier public. Autrement si tous les budgets de fonctionnement auront été mis sur les salaires, l’IGE (inspection générale d’Etat) sera probablement en chômage technique, puisqu’il n’y aura plus rien à voler. Ainsi ,le président Ghazwani, à l’instar du père de la nation, feu Mokhtar Ould Daddah, de feu Moustapha Ould Salek qui a mis fin à la guerre du Sahara, entrera dans l’Histoire de la Mauritanie, cette fois par la grande porte. /.
Ely Ould Sidahmed Ould Krombele, France