Union africaine : ouverture du 36ᵉ sommet à Addis-Abeba
Cinquante-cinq pays participent, depuis ce samedi 18 février, au 36ᵉ sommet de l’Union africaine qui se tient à Addis-Abeba, la capitale de Ethiopie. La cérémonie d’ouverture s’est tenue, dans la matinée, au siège de l’organisation, en présence de quelque trente-cinq chefs d’État et de quatre chefs de gouvernement, dans la plus pure tradition de l’organisation africaine.
Parmi les sujets à l’agenda, figurent l’accélération de la zone de libre échange continentale qui peine à se concrétiser ainsi que la lutte contre le terrorisme et les violences armées.
Ce matin, le président des Comores, Azali Assoumani, a pris le relai du Sénégalais Macky Sall à la présidence tournante de l’organisation, note notre envoyée spéciale à Addis-Abeba, Florence Morice.
« Notre organisation vient de prouver au monde sa conviction que tous les pays ont les mêmes droits », s’est félicité le président Azali.
C’est la première fois que cet archipel de l’Océan indien qui compte moins d’un million d’habitants, accède à cette fonction, au terme d’une bataille âpre face au Kenya, également candidat, jusqu’à ce que le président William Ruto décide, tout récemment, de retirer sa candidature.
Parmi les temps forts de son premier discours, le président des Comores a plaidé pour une annulation totale de la dette africaine: « Nous plaidons pour une annulation totale de la dette africaine pour permettre une relance de l’économie post-Covid et nous permettre de faire face aux impacts négatifs de la crise en Ukraine. 22 États africains sont aujourd’hui, selon la Banque mondiale, en situation de détresse au regard de leur dette, et concentrent une part notable des 1 071 milliards de dollars de la dette extérieure du continent. Pour une viabilité de la dette africaine, nous exhortons la mise en place d’un cadre commun de règlement de cette dette qui sera plus inclusif et intégrant les créanciers bi et multilatéraux et aussi les créanciers privés, avec un soutien renforcé du Fonds monétaire international. »
Parmi les défis qui attendent les Comores, l’épineuse question des sanctions imposées contre la Guinée, le Burkina Faso et le Mali, en réaction aux coups d’Etat survenus à la tête de ces trois pays.
En ouverture de la cérémonie, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine a remis en cause l’efficacité de cette mesure pour lutter efficacement contre les changements de pouvoir anticonstitutionnels: « À l’évidence, ces sanctions ne semblent pas produire les résultats escomptés. Bien au contraire, elles suscitent la défiance des États concernés et paraissent sanctionner davantage les populations et impacter négativement les économies des pays visés. Il me parait nécessaire de réexaminer les systèmes de résistance aux changements non-constitutionnels pour les rendre plus efficaces contre le mal et plus soucieux des conditions économiques et sociales des populations. C’est sans doute l’un des angles sous lequel la réforme du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine doit être sérieusement envisagé. »
Accélérer la mise en place de la ZLECAF
Notre envoyé spécial à Addis-Abeba, Esdras Ndikuman, souligne quant à lui que Moussa Faki, premier à prendre la parole, a tenu à rappeler le thème de cette année: accélérer la mise en place de la ZLECAF, la zone de libre-échange en Afrique qui peine à se concrétiser jusqu’ici.
Le président de la Commission de l’Union africaine n’a pas hésité à tenir, comme à son habitude, un langage de vérité en fustigeant « le manque de volonté politique » affiché par les leaders africains, depuis 60 ans, dans la concrétisation de projets visant au développement et à l’intégration du continent, avec comme conséquences « une désaffection des populations par rapport » à l’UA.
Les discours se sont ensuite enchainés, notamment celui du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a appelé à la création d’une mission d’imposition de la paix dirigée par l’Afrique et soutenue par les Nations unies, avec des financements garantis pour faire face aux défis sécuritaires sur le continent, c’est un autre sujet au cœur de ce sommet.
Au cours de la cérémonie, Antonio Guterres s’est dit « profondément préoccupé » notamment par la situation au Sahel et dans l’Est de la RDC.
« L’Afrique a besoin d’actions pour la paix. L’ONU est fière d’être un partenaire de paix en Afrique mais notre travail devient, chaque année, plus complexe. Le terrorisme et l’insécurité s’aggravent et les conflits sont plus nombreux. Je suis profondément préoccupé par la montée de la violence des groupes armées, observée récemment dans l’est de la République démocratique du Congo et par la progression des groupes terroristes au Sahel et ailleurs. Je souscris à l’appel que vous avez lancé en faveur du rétablissement de gouvernements civils et démocratiquement élus au Burkina Faso, en Guinée, au Mali, au Soudan. Nous savons que la paix est possible », a-t-il déclaré.
Le président sortant de l’Union africaine, le Sénégalais Macky Sall, a ensuite passé la main au président de l’Union des Comores, Azali Assoumani qui va lui succéder pour une année à la tête de l’organisation continentale.
À noter enfin, un incident qui s’est produit, avant le discours plutôt musclé du Premier ministre palestinien contre Israël. Ce matin, un représentant d’Israël, présent dans la salle, a été prié discrètement de sortir. L’an dernier, la décision de Macky Sall d’accorder le statut d’ « observateur » à Israël avait créé la polémique. Un comité chargé de trancher la question avait été mis sur pied mais, selon nos informations, il ne s’est, depuis, jamais réuni, laissant cette délicate question en suspens.
Par RFI