Ouest-France – Le gouvernement sénégalais a annoncé ce lundi 31 juillet 2023 la dissolution du parti de l’opposant Ousmane Sonko, moins de deux heures après son inculpation et son placement en détention pour « appels à l’insurrection et complot » contre l’État.
« Le parti politique Pastef est dissous par décret », a annoncé le ministre de l’Intérieur Antoine Diome dans un communiqué, justifiant sa décision par ses appels « fréquents » à des « mouvements insurrectionnels » qui ont fait selon lui de nombreux morts en mars 2021 et juin 2023.
Ousmane Sonko, opposant au président Macky Sall et candidat à l’élection présidentielle de 2024, a été inculpé et écroué ce lundi 31 juillet 2023 pour divers crimes dont l’appel à l’insurrection.
Troisième procédure judiciaire
Ousmane Sonko, 49 ans, investi candidat par son parti, voit ainsi s’ouvrir une troisième procédure judiciaire à son encontre, qui risque de compromettre encore davantage sa participation à l’élection présidentielle de février 2024.
L’opposant avait été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, soulignent ses avocats et des juristes. Il avait été condamné le 8 mai à six mois de prison avec sursis à l’issue d’un procès en appel pour « diffamation », une peine largement perçue comme le rendant inéligible. Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.
Ousmane Sonko « a été inculpé et placé sous mandat de dépôt » par un juge d’instruction du tribunal de Dakar qui l’a auditionné, a indiqué lundi à l’AFP Me Ousseynou Ngom. « Huit infractions » lui sont reprochées, a indiqué à la presse Cheikh Koureissy Bâ, un autre de ses avocats. L’infraction « diffusion de fausses nouvelles » s’est ajoutée aux sept déjà reprochées par le parquet au plus farouche opposant du président Macky Sall, lors de son placement en garde à vue vendredi.
Le procureur Abdou Karim Diop du tribunal de grande instance de Dakar l’avait accusé vendredi d’« appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’État, actes et manœuvre à compromettre la sécurité publique et vol » de téléphone portable d’une gendarme.
« C’est une farce »
« C’est une farce », a déclaré à la presse Ciré Clédor Ly, un autre avocat de Ousmane Sonko. L’opposant poursuivait lundi sa grève de la faim qu’il a entamée vendredi, a dit à la presse Me Cheikh Koureissy Bâ.
Ousmane Sonko avait été arrêté vendredi après avoir affirmé sur les réseaux sociaux que les forces de sécurité présentes devant son domicile l’avaient filmé. Il a précisé avoir « personnellement arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d’effacer les images qu’elle a prises », ce que cette dernière a refusé de faire.
Des gendarmes étaient ensuite intervenus et l’avaient arrêté. Il a régulièrement accusé le président Macky Sall de comploter pour l’écarter de la présidentielle de 2024. Le chef de l’État sénégalais, élu en 2012 pour sept ans puis réélu en 2019 pour cinq ans, s’en est défendu. Il a annoncé le 3 juillet qu’il ne se présenterait pas à ce scrutin.
Ouest-France