France24 – De premiers investissements « verts » en direction du continent africain. Les Émirats arabes unis ont promis d’investir, mardi 5 septembre, quelques 4,5 milliards de dollars pour les énergies propres en Afrique lors du premier sommet sur le climat au Kenya.
En ouverture du sommet lundi, le président kényan, William Ruto, a estimé que l’Afrique avait une « opportunité sans équivalent » de se développer tout en participant à la lutte contre le réchauffement climatique, si elle parvient à attirer les financements.
Les Émirats arabes unis, qui accueilleront la Conférence climat de l’ONU (COP28) à Dubaï en fin d’année, ont annoncé mardi le premier engagement financier du sommet.
Un consortium comprenant Masdar – une société d’énergie renouvelable détenue par le gouvernement émirati – aidera à développer 15 gigawatts d’énergie propre d’ici à 2030, a précisé Sultan Al Jaber, président de la COP28 à venir. La capacité de production d’énergie renouvelable du continent africain était de 56 gigawatts en 2022, selon l’Agence internationale des énergies renouvelables.
Chefs d’État, dirigeants de gouvernement et dirigeants économiques du continent et d’ailleurs sont réunis à Nairobi, la capitale kényane, à l’occasion de ce sommet historique.
Malgré sa richesse en ressources naturelles, seulement 3 % des investissements énergétiques dans le monde sont réalisés sur le continent africain.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi le monde à faire de l’Afrique « une superpuissance des énergies renouvelables ». « Les énergies renouvelables pourraient être le miracle africain », a-t-il a-t-il lancé dans un discours.
Il a également appelé les dirigeants du G20, qui se réunissent ce week-end en Inde, à « assumer [leurs] responsabilités » dans la lutte contre le changement climatique.
Réformer la finance mondiale pour l’aligner sur les objectifs climatiques
Une transition énergétique propre dans les pays en développement est cruciale pour tenter de maintenir l’objectif de l’Accord de Paris consistant à limiter le réchauffement climatique « bien en-dessous » de 2 °C depuis l’époque préindustrielle, et de 1,5 °C si possible.
Pour y parvenir, l’Agence internationale de l’énergie affirme que les investissements devront atteindre 2 000 milliards de dollars (1 852 milliards d’euros) par an d’ici une décennie, soit une multiplication par huit.
Les intervenants du sommet ont également appelé à réformer les structures financières mondiales pour les aligner sur les objectifs climatiques.
Sultan Al Jaber a notamment appelé à mener une « intervention chirurgicale sur l’architecture financière mondiale construite pour une époque différente », exhortant notamment les institutions internationales à réduire le fardeau de la dette qui paralyse de nombreux pays.
« L’Afrique détient la clé pour accélérer la décarbonation de l’économie mondiale. Nous ne sommes pas seulement un continent riche en ressources. Nous sommes une puissance au potentiel inexploité, désireux de s’engager et d’être compétitifs équitablement sur les marchés mondiaux », avait déclaré le président kényan, William Ruto, lundi.
Dégager une vision africaine commune sur le développement et le climat
L’accent mis par le sommet sur les questions de financements suscite toutefois l’opposition de certains défenseurs de l’environnement. Lundi, des centaines de personnes ont manifesté à proximité du lieu du sommet pour dénoncer son « agenda profondément corrompu » se concentrant sur les intérêts des pays riches.
Des organisations de la société civile ont notamment demandé au président William Ruto de ne pas intégrer au sommet des mécanismes comme les marchés de crédits carbone.
Le sommet de Nairobi vise également à dégager une vision africaine commune sur le développement et le climat en vue de prochaines négociations sur le climat, avec notamment une bataille sur la fin des énergies fossiles à la COP28 de Dubaï.
L’objectif d’une telle position commune s’annonce ambitieux pour un continent abritant 1,4 milliard d’habitants – parmi les plus vulnérables au changement climatique – dans 54 pays politiquement et économiquement divers.
Avec AFP